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    La communion – une valeur d’Évangile

    par Frère Alois, prieur de Taizé

    mardi, le 18 octobre 2016
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    Dans toutes les Églises, le XXe siècle a vu naître de nombreuses initiatives pour inviter les croyants à sortir d'une foi et d'une piété trop individualistes, à se référer davantage aux chrétiens des Actes des Apôtres qui mettaient tout en commun, qui cherchaient à n'être qu'un cœur et qu'une âme, et à redécouvrir ainsi le visage communautaire de la foi chrétienne.

    Au sein des Églises protestantes de tendance évangélique, Eberhard Arnold a exprimé ce message avec grande conviction. Le livre que voici offre une belle méditation où il expose cette aspiration communautaire. L'appréciation si positive qu'en donna le moine catholique Thomas Merton une cinquantaine d'années plus tard et qu'on trouve en deuxième partie de ce livre, montre à quel point peuvent se rejoindre ceux qui ont choisi de vivre en communauté, quelle que soit leur appartenance confessionnelle.

    Cette convergence, qui apparaît clairement dans ce livre, est un exemple qui m'amène à poser la question: en vue de l'unité des chrétiens, ceux qui vivent en communauté, même de manières très différentes, pourraient-ils créer davantage de liens entre les Églises auxquelles ils appartiennent? La recherche de la communion n'est-elle pas inscrite au plus profond de leur vocation ?

    La communion est une valeur d’Évangile qui peut se déployer en de multiples dimensions. A la source, il y a la communion personnelle avec Dieu, avec le Christ. Le Dieu d'amour nous offre de vivre dans une toute simple communion avec lui, nous en lui et lui en nous.

    La communion avec Dieu se développe dans une communion fraternelle fondée sur l'amour réciproque. Sans elle, une communauté pourrait accomplir des œuvres magnifiques, le signe de Dieu resterait voilé. C'est dans les attentions de chaque instant que la fraternité est vécue, c'est dans la vie quotidienne qu'elle rencontre aussi des résistances redoutables. Dans une communauté, on ne choisit pas ses frères ou ses sœurs. La communauté est un lieu où travailler aux dépassements de nos résistances. Si celles-ci ne peuvent pas être surmontées dans une petite communauté, comment le seront-elles à une échelle plus vaste, par exemple entre les Églises séparées ?

    La communion peut devenir missionnaire. Plus encore que celui des personnes prises individuellement, le témoignage d'une communauté compte. Dans un monde où beaucoup cheminent comme si Dieu n'existait pas, le fait que des hommes, ou des femmes, ou aussi des couples, s'engagent pour toujours à la suite du Christ pose question. Si le Christ n'était pas ressuscité, ces hommes ou ces femmes ou ces couples ne vivraient pas ainsi. Leur vie constitue un signe du Christ mystérieusement présent dans le monde.

    Et la communion peut s'élargir à tous les humains, en particulier aux plus pauvres. L'espérance du Christ, comment la partager avec d'autres face à la grande pauvreté, aux injustices, aux menaces de conflits ? Tous, nous avons besoin de courage pour aller vers les autres, franchir des frontières, des déchirements, nous approcher des situations de détresse que nous rencontrons.

    Ainsi, sans vouloir s'imposer, les chrétiens peuvent semer de petites semences de confiance et de paix. Et le langage de la communion ou, pour utiliser un mot plus simple, celui de la fraternité parle aux croyants comme aux non croyants.

    Dans l’histoire, il a parfois suffi de peu de personnes pour faire pencher la balance vers la paix. Ce qui change le monde ce ne sont pas tellement les actions spectaculaires, mais bien la persévérance quotidienne dans la prière, dans la paix du cœur et dans la bonté humaine. Merci au Bruderhof, fondé par Eberhard Arnold, de continuer à témoigner de cette persévérance.

    Frère Alois, prieur de Taizé. Préface du livre Pourquoi nous vivons en communauté par Eberhard Arnold


    Photo de Jace Grandinetti

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