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    Children and adults playing a running game together

    La communauté chrétienne

    L’aboutissement logique de la foi chrétienne

    par Paula Thijssen et P. S. Gross

    lundi, le 21 mars 2016
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    Une démonstration

    Les Saintes Ecritures, du début à la fin, nous montrent un chemin et une fondation qui sont mis à l'épreuve encore et encore. Comme preuve de leurs œuvres, elles ne failliront jamais, si nous les tenons bien devant nos faces; fixez-les comme un miroir, directement dans notre face, afin de voir quelle sorte d'homme nous sommes (Jacques 1:23-24). Afin de savoir ce que nous sommes, il nous faut nous examiner souvent, pour ne pas oublier notre état. Ne soyons donc pas seulement des examinateurs et des auditeurs, mais aussi des faiseurs, dit l'Apôtre.

    Nous croyons que Christ enseigna et vécut une vie de communauté. Il appela ses disciples à quitter leurs familles et leur travail pour communier à sa façon — et le petit groupe qui le suivait avait une bourse commune. Jésus annonça au jeune homme riche qu'il devait donner tous ses biens aux pauvres et le suivre (Matthieu 19). Ceci n'était pas, comme il est souvent prétendu, parce que les richesses étaient un empêchement particulier pour cet homme-là; on exigeait cela de tous ceux qui voulaient suivre le Christ. Ce qu'il affirme dans Luc 14:33 est sans équivoque : « Ainsi quiconque parmi vous ne renonce pas à tout ce qu'il a, ne peut être mon disciple. » Jésus dit ceci après avoir raconté à ses disciples l'histoire de l'invitation de la communion à la table lors du festin de noces, expliquant comment les invités s'étaient tous excusés de venir. Deux d'entre eux s'étaient excusés à cause de leurs possessions et un troisième à cause de sa femme.

    De nouvelles relations

    Dans Jean 16:13, Christ dit : « Quand le défenseur sera venu, l'Esprit de la vérité, il vous conduira dans toute la vérité. » Et nous savons qu’après que le Saint Esprit fut descendu sur les disciples, la première chose qui arriva fut qu'ils devinrent un en cœur et en âme, et mirent toutes choses en commun. De cela nous voyons que l'Esprit de Christ amène un changement de cœur qui résulte en une relation différente entre les hommes: toute la structure de leur société est changée – même économiquement. Pour cette raison il refusa d'établir des règles pour la société mondaine, disant à l'homme dont l'héritage devait être divisé entre lui et son frère: « Qui m'a établi pour être votre juge ou pour faire vos partages ? » (Luc 12:14). Et à ses disciples: « Gardez-vous avec soin de toute soif de posséder, car la vie d'un homme ne dépend pas de ses biens, même s'il est dans l'abondance. » (v 15).

    Lui envisageait une relation entièrement différente entre les hommes: une relation basée sur l’amour. Après ces paroles il raconta la parabole de l'insensé riche et prévint ses disciples de ne pas s'inquiéter pour leur vie, de ce qu’ils mangeraient, ni pour leur corps, de ce dont ils se vêtiraient. Et encore une fois il termine, « Vendez ce que vous possédez et faites don de l’argent » (Luc 12:33). Nous ne devons pas voir dans le partage des biens, si important qu'il soit, le point central de la vie communautaire. Beaucoup trouvent l'abandon des biens matériels la partie la plus facile. La communauté des biens, (peut-être pourrait-on l'appeler plutôt la communauté de pauvreté) est relativement facile. Mais nul ne peut accepter l'invitation de Christ s'il n'est pas prêt à tout abandonner — surtout sa volonté propre.

    Certains qui étaient prêts à suivre Christ voulaient décider eux-mêmes du meilleur moment pour le faire. Ils s'attendaient à ce qu'il attende qu'ils se soient occupés de leurs affaires à eux. La vie communautaire n'est pas, comme l'envisage un de nos amis, « vivre en agréable compagnie et avoir un travail sympathique, une place appropriée à sa vocation. » C'est une lutte quotidienne pour chacun de nous d'abandonner le libre arbitre de « mon temps » et de « mes talents ». Andreas Ehrenpreis dans son livre de lettres religieuses du seizième siècle donna l'avertissement suivant:

    Les hommes qui croient que le Nouveau testament ne défend pas la communauté des biens devraient sonder leurs cœurs pour vérifier qu'ils voudraient vraiment vivre en total abandon à Christ.footnote

    Il insiste plus loin: « La communauté fraternelle est le plus grand commandement de l'amour, et abandonner la vraie communauté chrétienne signifie abandonner Dieu. »

    Peter Rideman, dans son livre (1540-45), Confession de foi, affirme:

    Ainsi donc, la communauté n'est rien d'autre que la vie ensemble de ceux qui ont la communion avec le Père, le Fils et le Saint Esprit, comme eux-mêmes ont toutes choses en commun et de même sont un, comme le Père est avec le Fils. Ainsi, Dieu a créé toutes choses, pas comme possession privée pour l'homme, mais comme bien commun et non pour que l'homme s'approprie la création du Créateur. En faisant le mal, comme il l'a fait, l'homme a été mené loin de Dieu et a oublié son Créateur.footnote

    La propriété privée est un danger

    L'homme ne possède rien lorsqu'il vient au monde et il est tout aussi certain qu'il n'emporte rien quand il meurt. Car si l'homme s'approprie la création de Dieu, il attache son cœur à ce qui est temporaire et étranger. Ainsi donc, quiconque veut s'attacher à Christ et le suivre doit cesser de s'approprier des choses crées et et abandonner la propriété. De plus, comme tous les Saints ont la communauté des dons spirituels, combien plus ne devraient-ils pas avoir en commun aussi leurs effets matériels, et le montrer? L'apôtre Paul nous exhorte dans 1 Corinthiens 10:24 : « Que personne ne cherche son propre intérêt, mais plutôt celui de l’autre. » Là où tel n'est pas le cas, c'est une tache sur l'église qui devrait être corrigée, car la propriété privée est le plus grand ennemi de l'amour.

    Un vieil enseignement ou sermon houttérien du seizième siècle affirme:

    Car plus personne ne possède toujours quoi que ce soit : car on se donne soi-même et on s'abandonne soi-même au Seigneur et à son Eglise avec tout ce que l'on possède et avec tout ce que l'on sait faire, ainsi qu'il en était dans la première église apostolique, où nul ne disait de ses biens qu'ils fussent à lui, mais ils avaient toutes choses en commun. Ceci nous considérons comme étant le chemin le plus sûr et nous sommes assurés dans nos cœurs que c'est là la base la plus solide. »

    Il nous faut considérer aussi un autre facteur important, à savoir que, dans une telle communauté des saints, rien de désordonné ne peut être toléré, d'après l'enseignement de Christ et de Paul (Matt. 18:17). « Chassez le méchant du milieu de vous » (1 Cor. 5 :13), autrement il n'est pas possible de demeurer un peuple propre et ordonné. On ne peut pas laisser aller les choses jusqu'à ce qu'une communauté chrétienne devienne une demeure d'hommes à l'esprit charnel et malfaisant, d'après 1 Pierre 2 et 2 Pierre 2, et le repaire de tout esprit malin une cage de tout oiseau impur et détestable (Apocalypse 18). Un autre sermon houttérien du seizième siècle affirme fortement que pas la moindre trace ne devrait être visible, pour que l'église ne paraisse pas être « une ville sans mur ni protection; un jardin sans haie ni clôture; une maison sans une porte, ou l'on laisse libre passage à qui veut, pour qu'un peu de levain n'en sème pas tout le pain, et pour qu'un seul mouton taché ne tache pas le troupeau entier. » Une telle communauté chrétienne des saints ne peut pas être sans ordre et punition (que la doctrine apporte avec elle), car tout doit être discerné spirituellement, parce que c'est une œuvre spirituelle (1 Cor. 2).

    C'est l'amour de Christ, et non l'amour de soi, qui était la force de motivation derrière la vie communautaire de l'église primitive, ainsi que John Wesley l'a clairement exprimé dans ses Notes explicative du Nouveau Testament. Quant à Actes 2:45 :

    Ils vendaient leurs possessions et leurs biens, et les distribuaient à tous, selon le besoin que chacun en avait. » Affirmer que les chrétiens firent cela jusqu'à la destruction de Jérusalem seulement est faux; car beaucoup le faisaient toujours longtemps après. Non qu'il y ait eu un commandement positif de ce faire. Il n'en fallait pas; car l'amour les contraignait. C'était un fruit naturel de l'amour avec lequel chaque membre de la communauté aimait chaque autre membre comme son âme propre.

    Et si l'Eglise chrétienne avait continué dans cet Esprit, cette pratique serait certainement demeurée à travers tous les siècles. Affirmer, alors, que Christ n'avait pas l'intention qu'elle continue revient ni plus ni moins à affirmer que Christ n'avait pas l'intention que cette mesure d'amour continue. Il ne se trouve aucune preuve de cela. Plutôt, Actes 4:32 nous dit: « Personne ne disait que ses biens lui appartenaient en propre, mais ils mettaient tout en commun. » Dans un si grand multitude, ceci était une conséquence nécessaire de cette unité de cœur. Aussi longtemps que l'amour chrétien continuait vraiment, ils ne pouvaient faire autrement que d'avoir toutes choses communes! Le verset 34 nous informe : « Il n'y avait aucun nécessiteux parmi eux. » On peut observer que cela est précisé comme la preuve qu’une « grande grâce était sur eux tous. » Et c'était là la conséquence immédiate et nécessaire de cette grâce, oui, et ce doit l'être, jusqu'à la fin du monde. Dans tous les siècles et chez toutes les nations, la même cause — la même mesure de grâce — ne peut faire autrement, dans de mêmes circonstances, que de produire le même effet.

    Donner doit être volontaire

    « Tous ceux qui possédaient des terres ou des maisons, les vendaient » – non pas parce qu'ils étaient contraints à faire cela ; mais il y avait une grande grâce et un grand amour dont c'était là le fruit. Au vu de la vie et de l'enseignement de Christ, il semble plutôt dangereux de soutenir que le Nouveau Testament n'enseigne pas la communauté des biens, prétendant que l'Eglise à Jérusalem était la seule église à la pratiquer. Eberhard Arnold remarque sur ce point:

    Il est très significatif par rapport à l'Esprit qui régnait dans l'Eglise que, jusqu'à l'époque de Hermas, les riches ne pouvaient prendre place dans l'église-communauté qu'en se séparant de leur revenu en faveur de leur frères plus pauvres. Beaucoup se vendaient comme esclaves à la faveur de leurs frères et s'abandonnaient à l'emprisonnement pour dettes afin d'aider leurs frères.

    L'Esprit de libre spontanéité était une caractéristique plus essentielle du mouvement que la réalisation de la vie en communauté ou de l'absence de possessions personnelles. C'était plutôt l'amour spontané qui changea dans l'église primitive la propriété privée en communisme d'amour, et qui fit plus tard remarquer aux païens que les femmes chrétiennes de classe élevée devenaient des mendiantes par le don de leurs possessions.footnote

    Avec à l'esprit cet amour débordant, on comprend le reproche à l'église de Laodicée dont l'Esprit affirme, dans Apocalypse 3:16-17 : «Ainsi, parce que tu es tiède et que tu n'es ni froid ni bouillant, je vais te vomir de ma bouche. 17 En effet, tu dis: Je suis riche, je me suis enrichi et je n'ai besoin de rien, et tu ne sais pas que tu es malheureux, misérable, pauvre, aveugle et nu. »

    Cette communion d'amour n'est-elle pas aussi bien loin du chrétien d'aujourd'hui qui témoigna avec reconnaissance du fait que, depuis qu'il avait commencé à payer la dîme à l'église, Dieu avait fait prospérer merveilleusement son entreprise? Il semble y avoir une tendance à croire que suivre Christ doit apporter des bénédictions matérielles. Mais est-ce là le chemin de la croix? Les vieux Anabaptistes parlaient fréquemment du « Christ amer » à cause de la souffrance qu'ils devaient endurer et subir à travers leur vie de disciple.

    Etre un intendant fidèle

    Un chrétien peut se considérer comme un intendant de ses possessions et avoir un intérêt véritable pour les besoins du monde, mais le fait d'être un intendant ne pourra jamais excuser celui qui mène une vie confortable sur la majeure partie de ses revenus tout en donnant la plus petite partie à ceux dans le besoin. Dans le Didachè, les chrétiens sont exhortés de la manière suivante:

    Tu ne te détourneras pas de celui qui est nécessiteux, mais tu partageras toutes choses avec ton frère, et tu ne diras pas que quoi que ce soit est à toi: car si vous êtes partenaires ou frères dans les choses éternelles, combien plus n'êtes-vous pas partenaires dans les affaires physiques ?

    Et Chrysostome, dans son onzième discours sur les actes des apôtres, exhorta les membres de son église qui avaient quitté cette voie d'amour avec les paroles suivantes:

    Une grâce était sur eux tous, parce que personne ne manquait de rien, parce qu'ils donnaient tous avec tant de zèle que personne ne demeurait pauvre. Ils ne cédaient pas simplement une partie en retenant une autre partie pour eux-mêmes comme ils jugeaient bon; ils donnaient tout, ne considérant rien comme leur propriété privée. Ils rejetaient l'inégalité du milieu d'eux et vivaient en harmonie complète.

    Ils opéraient aussi cela avec une grande dignité; car ils ne s'aventuraient pas à déposer un petit don dans la main des nécessiteux, et ils ne donnaient pas non plus d'une manière condescendante, mais ils déposaient leurs possessions aux pieds des Apôtres; ils faisaient de ceux-ci les administrateurs de leurs possessions, afin qu'on puisse satisfaire tout le besoin depuis le fonds commun et non depuis la propriété privée.

    Etre un véritable intendant doit inévitablement amener au partage total, et ainsi à la communauté. Le partage et le renoncement à soi complets exigés par la vie de communauté sont le premier pas, le minimum requis de la vie de disciple du chrétien. On peut difficilement prendre au pied de la lettre 1 Corinthiens 12 – surtout les versets 25 et 26 –dans une vie d'église non communautaire.

    …afin qu'il n'y ait pas de division dans le corps mais que tous les membres prennent également soin les uns des autres. 26 Si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui; si un membre est honoré, tous les membres se réjouissent avec lui.

    Ou 2 Corinthiens 8:13-15, qui dit :

    En effet, il ne s'agit pas de vous exposer à la détresse pour en soulager d'autres, mais de suivre un principe d’égalité: 14 dans les circonstances actuelles votre abondance pourvoira à leurs besoins, afin que leur abondance aussi pourvoie à vos besoins. C'est ainsi qu'il y aura égalité, 15 conformément à ce qui est écrit: Celui qui avait ramassé beaucoup n'avait rien de trop et celui qui avait ramassé peu ne manquait de rien.

    N'enseigne-t-on pas ici le partage complet?

    Quand l'église chrétienne remplit sa vocation élevée de corps de Christ, le corps dont il est lui-même la tête, il doit y avoir une unité totale entre les membres, et la fonction de chaque membre ne peut être que de servir le corps entier. Par cela nous n'entendons pas la soi-disant unité où des chrétiens tentent de convaincre le monde et eux-mêmes qu'ils sont un, bien qu'ils se rendent la vie impossible par leurs conflits économiques et bien qu'ils s'entretuent dans des guerres, mais plutôt l'unité vraie et la communion pour lesquelles pria le Christ.

    Cette unité totale est tellement plus élevée que des « bonnes relations » entre voisins, entre patron et employés, ou entre des nations et des races. Le Christ invite toujours tous les hommes à le suivre sur sa voie de renoncement à soi, de videment de soi, le chemin de la croix. On ne doit jamais envisager ceci comme un privilège spécial qu'il veut donner à quelques-uns de ses disciples. Le mouvement monastique, qui prit son existence du moment où l'église s'associa avec le monde, était envisagée de cette façon. A partir de ce moment-là, les personnes qui sentaient qu'ils ne pouvaient pas vivre une vie chrétienne dans le monde se retiraient dans des monastères. Mais ceci est certainement très différent de la première communauté à Jérusalem où l'église n'était pas divisée entre ceux qui considéraient que la vie chrétienne était l'unique chemin dans la vie et ceux qui voyaient les choses autrement, mais où tous les membres étaient un cœur et une âme.

    C'est pourquoi nous devons expliquer aux chrétiens que, malgré l'impossibilité de parcourir le chemin de ses propres forces, une vie d'unité complète est toujours offerte à chaque chrétien qui veut écouter, maintenant, en cet instant précis, l'appel de Christ, « Suis-moi ! »

    La promesse de Dieu tient toujours bon; à savoir qu'il donnera son Saint-Esprit à tous ceux qui le lui demandent. Maintenant, comme il y a plus de dix-neuf cents ans, son Esprit mène à l'unité parmi les croyants. C'est l'appel à la communauté, c'est le résultat de l'esprit d'Amour qui pousse au partage de toutes choses, de plus petit au plus grand. Ce désir de partager jusqu'au bout est aussi naturel à l'amour que le fruit est à l'arbre. A le voir on le reconnaît comme étant le fruit de l'amour. En acceptant ce don de la communauté, le chrétien rend aussi témoignage à celui qui le donna. Christ pria dans Jean 17:21 pour l'unité de ses disciples, «pour que le monde croie que tu m'as envoyé. »


    Plough Publishing House, 1954.

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    Note

    1. Vivre en communauté, Plough, 2012.
    2. In Doctrine et vie des anabaptistes houttériens, Excelsis, 2007.
    3. Voir aussi Le témoignage des premiers chrétiens, Plough, 2011.
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