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    Sunset in Africa

    Ça suffit ! Alingbi awe

    par Maria Biedrawa

    lundi, le 18 juin 2018
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    Le 1e mai, il y avait une attaque dans une église à Bangui qui a couté la vie à 25 personnes (au moins) et fait au moins une centaine de blessés graves. La paroisse est celle de Notre Dame de Fatima, tout près du km 5 qui est souvent le théâtre d'affrontements les plus violents.

    Ce n'est pas par hasard que cette église était attaquée. Elle est un réseau de paix qui déjoue depuis le tout début de la crise en décembre 2013 cette idée qu'il s'agisse d'un conflit entre religions. Quand je suis à Bangui, c'est « ma » paroisse ; je suis très attachée à cette église, à la communauté des missionnaires de Comboni, à ce groupe de jeunes adultes qui a rédigé ce message et qui l'a présenté aujourd'hui lors d'une conférence de presse à Bangui. Ils sont légitimes et crédibles de dire ce qu'ils disent.

    Ces jeunes ont fait le possible et l'impossible dès le début de la crise, dans l'enceinte de cette paroisse quand elle s'est transformée en camp de déplacés, et à l'extérieur dans les quartiers avoisinants, par exemple les deux étudiants de médecine qui en faisaient partie, allaient là où les Sangharis et la MINUSCA, armés jusqu'aux dents, disaient qu'il était trop dangereux pour eux d'y aller. Ils ont fait la médiation aux barrages et maintenu ou établi un lien étroit avec les jeunes musulmans du quartier qui sont pris autant en otage qu'eux.

    Prions pour eux tous - et transmettez ce message à qui vous voulez. Il faut briser le silence autour de la Centrafrique. Et laissons-nous inspirer par ce courage de dénoncer, d'annoncer et d'agir. Voici des extraits du message des jeunes de la paroisse.

    Nous jeunes de la paroisse Notre Dame de Fatima, avons décidé comme toujours de ne pas nous taire mais de prendre la parole pour crier haut et fort sur le drame que nous venons de vivre. En effet, nous refusons de laisser la violence et la haine « anesthésier » notre voix et notre volonté pour la paix car la paix et l’amour ne sont possibles que s’il y a la vérité. Le 1er mai 2018 est et restera un des jours les plus sombres de notre réalité à Notre Dame de Fatima. En effet, des jours comme celui-là, nous les avons déjà connus plus d’une fois :

    • Le 27 mars 2014 : lancement d’une grenade suivi des tirs à l’arme automatique sur une famille et des connaissances qui pleuraient un des leurs.
    • Le 28 mai de la même année : attaque à main armée contre les déplacés, dans l'enceinte de la paroisse Notre Dame de Fatima, qui a fait plusieurs victimes, parmi lesquels Monsieur l’Abbé Emile-Paul NZALE.
    • Le 09 septembre 2015, depuis le quartier Pétévo jusqu'à Fatima, trois grenades lancées sur des paisibles populations font comme d’habitude des victimes.
    • Du 29 octobre 2015 jusqu'en fin novembre, des hostilités avec une atrocité sans précédent. La politique de la terre brûlée suivie des tueries est appliquée contre les habitants des quartiers environnant la paroisse Notre Dame de Fatima. Il s’agit des quartiers Gbawara, Kina, Cadastre, Fatima II, Béa rex, Makambo, Kpètènè pour ne citer que ceux-là.

    Force est de constater qu’aucune leçon n’a été tirée des évènements précédents qui ont ensanglanté notre secteur. En effet, c’est en pleine célébration eucharistique, en un jour hautement symbolique où tous les membres de la fraternité Saint Joseph de l’Archidiocèse de Bangui sont réunis pour célébrer la fête de leur Saint Patron, que le drame s’est répété avec, cette fois-ci, un cachet particulier. C’est juste incroyable et absurde ! Fatima, encore Fatima, toujours Fatima ! Mais que s’est-il réellement passé ?

    Au moment où la messe se déroulait, un échange de tirs eut lieu sur l'Avenue de la CEMAC, entre les malfrats et les forces de sécurité intérieure. S’ensuivirent les tirs d'armes automatiques.

    Quelques minutes après, au moment de l'offertoire, surgissent des coups de feu sur les fidèles en prière et les déflagrations des grenades offensives. Au total, sept (07) grenades sont lancées à partir de l’extérieur de la concession. Ces malfrats ont orchestré leur coup sur deux fronts : les uns ont attaqué à l’entrée principale en tirant sur la foule et les autres en grimpant la partie ouest du mur de la clôture paroissiale.

    Fred, Michel, Cédric et Herbert - délégation des jeunes de Notre Dame de Fatima

    Fred, Michel, Cédric et Herbert - délégation des jeunes de Notre Dame de Fatima

    Des vies brutalement arrachées avec une violence tellement inouïe que les mots ne sont pas assez forts pour décrire. Devant cette situation, il nous semble légitime de poser un certain nombre de questions :

    Pourquoi Notre Dame de Fatima ? Pourquoi attaquer d’innocents fidèles en pleine messe ? Pourquoi les forces de la MINUSCA qui ne sont qu’à 10 minutes de la paroisse ont attendu des heures après le carnage pour arriver sur les lieux du drame et repartir ensuite pour laisser place à un deuxième assaut de ces bandits, qui enfin sera déjoué par les gendarmes ? Pourquoi après les événements des 08 et 10 avril 2018 au km5 la MINUSCA, s’est-t-elle retranchée de ses positions, pour laisser la population à la merci des criminels ? Pourquoi les dispositifs sécuritaires ne sont-ils pas pris par le gouvernement qui est toujours informé et qui avait donné quitus depuis le mois de novembre 2017 de sécuriser toutes les grandes activités de la Paroisse ? Sommes-nous donc ainsi sacrifiés en victimes propitiatoires afin de satisfaire des intérêts égoïstes et lugubres ? Quel est l’agenda caché derrière tout cela ?


    Ce n’est ni de la pitié ni de l’aumône dont nous avons besoin mais de la paix. Oui, disons-le clairement, il s’agit bien d’un acte terroriste mené à dessein pour diviser les centrafricains et les monter les uns contre les autres afin de créer une malheureuse et perpétuelle atmosphère d’un conflit inter religieux qu’on veut nous inculquer mais qui, en réalité, n’existe pas. L’échec de tous ces ennemis de la paix (ainsi que leurs commanditaires qui de loin tirent les ficelles) est que leur mode d’emploi est maintenant connu de tous et que nous à Notre Dame de Fatima le maîtrisons parfaitement depuis le début. Dieu les a encore, une fois de plus, confondus car ils n’ont pas eu les réactions qu’ils attendaient. Dieu est du côté du juste, de l’innocent, du pauvre, de l’orphelin et de l’opprimé.

    Nous déplorons et condamnons avec fermeté l’assassinat des personnes froidement abattues en pleine messe en la Paroisse Notre Dame de Fatima et aux alentours, d’un acteur de paix Léon DEMBELE, acteur du film LA COLOMBE (un film, réalisé et tourné par les jeunes de la paroisse Notre Dame de Fatima pour la paix) qui a été froidement abattu par ces malfrats avec son fils et son beau-père, ainsi que de deux jeunes musulmans et la destruction des mosquées de Ngaragba et de Lakouanga encore en rénovation. Une fois de plus, nous venons d’éluder le piège d’une confessionnalisation de notre conflit. Jamais nous ne céderons à la violence, jamais nous ne jouerons à leur jeu lugubre. Notre Dame de Fatima n’a jamais violenté, attaqué et ni tué qui que ce soit, mais fidèle dans la foi, elle a toujours donné et protégé la vie. […] A nous croyants, de faire l’effort quotidien avec la grâce de Dieu, de ne pas nous accoutumer avec le mal mais à le dénoncer avant qu’il ne nous corrompe tous.

    C’est pourquoi dans la profondeur de notre douleur et de nos cœurs meurtris, nous lançons une fois de plus un cri d’alarme à tous les acteurs qui prétendent œuvrer pour la paix dans notre pays la République Centrafricaine de prendre leurs responsabilités car le sang d’innocents centrafricains qui tombent chaque jour finira tôt ou tard par réclamer justice. Le temps n’est plus aux discours politiques et diplomatiques mais aux actions concrètes à chaque minute de chaque jour pour protéger les innocents et empêcher la radicalisation vers laquelle on veut sciemment entraîner tout le paisible peuple centrafricain.

    Aujourd’hui, plus que jamais, nous voulons prendre l’opinion nationale et internationale à témoin contre les manœuvres et la barbarie des mercenaires, prédateurs et ennemis de la paix qui, profitant de la vulnérabilité d’une population psychologiquement affaiblie par une crise désastreuse qu’on lui a imposée, veulent porter le conflit à une autre dimension plus mortifère. Soyons unis et ainsi nous deviendrons forts pour arrêter ces atrocités. Il est important d’agir et non de réagir.


    Forts de notre foi, et en honneur des jeunes tombés dans leur engagement pour un avenir radieux, avec ceux qui œuvrent aujourd'hui pour la paix, pour nos cadets qui méritent un Centrafrique différent, nous livrons ce message comme gage de notre volonté de bâtir un futur meilleur, une nation où règnent la paix et la justice, où la vie humaine est respectée.


    Fait à Bangui, le 15 mai 2018
    Pour le bureau de coordination des jeunes
    de la Paroisse Notre Dame de Fatima
    Herbert SAMBA-TOLO
    Le Président

    Sunset in Africa
    Presenté par MariaBiedrawa Maria Biedrawa

    Hormis son travail principal en France comme formatrice dans le domaine médico-social, elle est régulièrement en Afrique subsaharienne. Là, elle travaille avec des groupes autochtones qui sont engagés dans le travail de paix et motivés par leur inspiration religieuse.

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