«Trouble et angoisse, dit l’Ecriture, sur tout homme qui fait le mal» (Rom 2.9).

L’homme est aujourd’hui mal dans sa peau. Nos savants le constatent. Il a faim, nous disent-ils, d’autre chose que de pain ou de vie confortable. Il a faim d’un quelque chose qu’il ne parvient pas à définir. Certes, il cherche à atteindre la plénitude des biens matériels pour tenter d’y porter remède. En vain ! car plus il est comblé sur ce plan, plus il a faim. Il rêve d’un âge d’or et y croit plus que jamais. Il est adulte... enfin ! et débarrassé des aliénations et tabous du passé qui le rendaient esclave. Les progrès dans tous les domaines, la technologie notamment, ont fait de lui un géant, mais un géant aux aspirations gigantesques. Il a faim dans l’abondance, il est seul dans la multitude, angoissé quand il n’a jamais autant parlé de paix ! Dans les pays où il vit le mieux, il connaît les plus grandes crises. Ceci a fait dire récemment au préfet de la Nièvre, au cours d’un déjeuner-débat : «L’homme se révolte contre un univers qui le comble de biens matériels, sans lui donner le bien suprême, qui est la joie de vivre. »

L’architecte suédois de grand renom qui construisit dernièrement les plus belles tours de la ville de Toronto, s’est suicidé, sitôt après avoir reçu ses honoraires dont le montant fait rêver ! Pourquoi ? Qui ne sait que le phénomène hippy a ses origines au pays le plus riche du monde et que la grande majorité de ses jeunes est issue de familles très aisées. St-Exupéry n’affirmait-il pas avec raison : «On ne peut plus vivre de frigidaires, de politique, de bilans, de mots croisés, voyez-vous, on ne peut plus. (...) On a cru que pour faire grandir les hommes, il suffisait de les vêtir, de les nourrir, de répondre à leurs besoins...» En agissant ainsi, on a fait la société de consommation, rien moins que cela ! Et Fernand Raynaud a beau nous dire «HEU... REUX !» nous n’avons jamais éprouvé un tel «Mal de Vivre» !

​Chacun a la conviction de passer à côté de l’existence qu’il devrait connaître... de ne pas vivre dans le mille! Pourquoi ?
Il est vrai que si l’homme, tout moderne qu’il est, n’était fait que de chair et d’os, il aurait de quoi être heureux aujourd’hui, surtout dans cette partie du monde où il n’a jamais autant possédé. Tout son mal vient précisément de ce qu’il est plus qu’un corps, plus qu’un accident biologique. Sa soif d’harmonie, de plénitude et d’absolu le prouve. Ce monde matérialiste qu’il s’est donné l’étouffe et le pollue. L’univers des cinq sens dans lequel il se résigne à vivre, vaille que vaille, ne le satisfait pas et lui cache d’autres horizons. Travailler, manger, boire, courir, se reposer puis recommencer ou en d’autres termes «métro, boulot, dodo» lui donne le sentiment que vivre avec un grand «V» ce n’est pas cela, qu’il y a sûrement autre chose. Albert Camus, pris de vertige dans ce cycle irrémédiable, a pensé que pour en sortir, la seule issue était le suicide. Chacun a la conviction de passer à côté de l’existence qu’il devrait connaître... de ne pas vivre dans le mille! Pourquoi ?

Jésus a dit : «l’homme ne vivra pas de pain seulement» (Luc 4.4). Il affirme du même coup que l’homme n’est pas, comme l’a prétendu Marcuse, un être unidimensionnel. En effet, le borner à satisfaire ses seuls besoins matériels le prive d’un aspect transcendant de sa personnalité et l’aliène. C’est la seule vraie aliénation, voire même amputation qui le gêne et le traumatise. L’homme est un être bidimensionnel : son âme est sa deuxième dimension, sa dimension spirituelle. C’est ce qui explique son éternelle insatisfaction, car en fait, il n’alimente et ne satisfait qu’une partie de son être... l'autre crie sa faim !

Frédéric Nietzsche a sonné le glas de Dieu, proclamant avec une certaine assurance : «Dieu est mort, nous l’avons tué !» Mais en réalité chacun sait aujourd’hui que Nietzsche est bien mort, mais Dieu... ? et chacun sait également que ce philosophe est mort fou ! Or, il est écrit : «Le fou dit : Dieu n’existe pas» (Psaumes 14.1).

Après lui, le souffle morbide des philosophies de l’existence a fait éprouver à l’homme un immense vide intérieur qui s’exprime partout : l’art, la littérature, la peinture, la musique ; un vide qui ôte souvent toute saveur à la vie et que rien, semble-t-il, ne parvient à combler. On a certes tué Dieu, mais qu’a- t-on mis à la place ? un matérialisme effréné ! Quelle utopie ! Ni l’argent, ni le confort, ni le sexe, ni la drogue, ni le tiercé même ne peuvent le remplir, car ils n’ont pas sa forme. Quelqu’un me disait un jour: «Dans ma vie ça tourne carré.» Doublez, triplez même à un enfant sa ration de protéines et ôtez-lui l’affection d’une maman, vous aurez beau faire, il en sera perturbé. Un bon lit, du bon lait, de beaux jouets, tout ce baby-confort ne remplira jamais ce vide en lui qui aura la forme d’une maman.

Un auteur célèbre a dit qu’il y a dans le cœur de l’homme un vide qui a la forme de Dieu. Dans nos moindres fibres en effet, nous avons été faits de telle manière que si nous sommes sans Dieu, ça ne tourne pas rond, quelque chose est comme «cassé» en nous... nous sommes en panne ! Tous les pis aller et panacées auxquels nous avons recours nous laissent un goût amer et ne font qu’augmenter nos angoisses.

Dans l’un de ses ouvrages, Jean-Paul Sartre a dit : «L’homme est angoisse.» Il a voulu dire, pensons- nous, que l’angoisse colle à l’homme comme sa peau, qu’elle coule dans ses veines, et que rien n’y pourra jamais rien ! Comment peut-il en être autrement, du moins chez cet auteur, pour qui la mort est plus belle que la vie et le néant plus séduisant que l’être ?

Il est vrai que l’angoisse de nos jours est un phénomène qui tend à se généraliser. Qu’elle est pénible... quand elle nous tient ! Nous tentons, tant bien que mal, de la noyer dans l’alcool, la drogue, l’absorption massive de tranquillisants ou encore dans une vie abusivement active. Hélas, elle sait nager ! Jésus a dit qu’elle serait un signe des temps : «Il y aura sur la terre de l’angoisse chez les nations qui ne sauront que faire» (Luc 21.25). Il annonçait des temps difficiles aux problèmes gigantesques et aux tensions tellement explosives qu’il en résulterait une grande angoisse Sommes-nous dans ces temps ? A vous d'en juger !

​Le Dr. Jung éminent psychologue, a osé dire que tout homme de plus de 35 ans, inconsciemment ou consciemment, est dominé par l’angoisse de la mort.
Il y a plusieurs causes à nos angoisses, mais trois au moins, nous paraissent assez saillantes pour être considérées de près. Tout d’abord, certaines angoisses nous viennent lorsque, face à nos problèmes de vie nous sommes sans solution. Avez-vous jamais tenté d’apporter une réponse qui se tienne a la superbe toile du peintre Gauguin : «D’où venons- nous ? Qui sommes-nous ? Où allons-nous ?» Le Dr. Jung éminent psychologue, a osé dire que tout homme de plus de 35 ans, inconsciemment ou consciemment, est dominé par l’angoisse de la mort. N’a-t-il pas avoué tout haut ce que chacun éprouve et pense tout bas ?

Ah ! cette crainte de mourir... quand elle nous tenaille, quel cafard ! Je me souviens de cet ami, vieux médecin, que je visitais quelquefois dans son hôtel particulier du 16e arrondissement. Très âgé et toujours sans réponse face à l’événement fatal qui pouvait le surprendre à tout moment, il était en proie à de terribles angoisses. Ni sa fortune personnelle, ni sa qualité de médecin, de grand chirurgien même, ni sa somptueuse demeure, encore moins son valet de chambre, n’y pouvaient quelque chose. Ne comptait pour lui que la réponse au problème de la mort. Celle-ci, en effet, n’a-t-elle pas inspiré au poète les vers qui suivent :

«La mort a des rigueurs à nulle autre pareilles,
On a beau la prier,
La cruelle qu’elle est, se bouche les oreilles
Et nous laisse crier. » [1]

Il est heureux qu’un jour, ce médecin se confia de cœur en Dieu et en Christ qui a vaincu la mort. Une paix, inconnue jusqu’alors malgré ses 90 ans, envahit son être. Quelques semaines plus tard, et de la façon la plus irénique, il se laissa happer par elle et elle ne l’épouvantait plus !

La Bible ne dit-elle pas que Jésus est mort afin de délivrer ceux qui, par crainte de la mort, étaient souvent tourmentés (Hébreux 2.15) ?

Le Dr. Reys, psychologue lui aussi, constate qu’on peut même risquer l’accident mental si les questions fondamentales de l’existence restent sans réponse: «Combien de nos malades mentaux, dit-il, sont tourmentés par un sentiment de culpabilité. Il montre à l’analyse des problèmes de vie non résolus. »

Une seconde source d’angoisse vient du refoulement de la conscience. Cette conscience, Dieu l’a donnée comme une lampe intérieure (Proverbes 20.27). Ne l'avons- nous pas souvent maudite quand elle tentait de nous freiner sur la pente du mal ! Bousculée, bafouée, que de fois elle a vacillé quand elle ne s’est pas éteinte ! Qu’elle est insupportable quand elle jette une lumière sur nos fautes, nos pensées cachées, nos intentions mauvaises ! Nous la chassons et la refoulons pour qu’elle se taise. C’est alors qu’elle nous angoisse.

«Trouble et angoisse, dit l’Ecriture, sur tout homme qui fait le mal» (Romains 2.9).

Le Dr. Maeder, spécialiste de ces questions, ne frappe-t-il pas un grand coup en affirmant que «nous savons maintenant qu’il existe chez l’homme un refoulement de la conscience» et que «l’angoisse est une maladie de la conscience». L’homme est donc malade au niveau de sa conscience ! Nos savants rejoignent la Bible sur ce point. Quant au remède, c’est autre chose... La Bible dit : «Si nous disons que nous sommes sans péché, nous nous ​Une conscience nette, purifiée, sans tache, quelle explosion de joie ! C'est ce que Dieu fait quand on le laisse entrer.
trompons nous-mêmes et la vérité n’est pas en nous. Mais si nous avouons nos fautes à Dieu, nous pouvons avoir confiance en lui, il agit de façon juste. Il pardonnera nos péchés, et nous rendra purs de tout mal» (1 Jean 1.8, 9). Une conscience nette, purifiée, sans tache, quelle explosion de joie ! C'est ce que Dieu fait quand on le laisse entrer. Lui seul peut chasser nos angoisses et nous donner la vraie paix intérieure.

Une troisième cause à nos angoisses : le refoulement de Dieu. «L’angoisse métaphysique, a dit le docteur Oscar Forel, demeure le problème humain fondamental.» Qu’ils sont anxieux, ceux qui pensent que Dieu n’existe pas ou qu’il est mort, même quand ils sont philosophes ou hommes de science ! Nier Dieu ne les a pas rendus plus heureux. Au contraire ! Ils connaissent un marasme intérieur épouvantable et paraissent complètement «déboussolés». A les lire, on en éprouve une vraie nausée. Dans la citation à laquelle nous faisions allusion plus haut, le Dr. Jung d’ajouter : «Tout homme de plus de 35 ans, inconsciemment ou consciemment, est dominé par le problème religieux...» Quand bien même nous aurions une réserve à propos de l’âge qu’il avance, cette pensée s’accorde pleinement avec la Bible, quand elle affirme que Dieu a mis dans l’homme la pensée de l’éternité (Ecclesiastes 3.11).

Refoulons Dieu, il refait surface, une sorte d’instinct nous le rappelle souvent : c’est la pensée de l’éternité. Ce phénomène nous revient à une certaine cadence et parfois avec plus d'acuité. On se souvient qu’un jour Voltaire se surprit à se signer devant un calvaire. A son compagnon, étonné lui aussi, il répondit qu’avec l’homme en croix ils se saluaient, mais ne se parlaient pas. Jésus ainsi revenait à la charge. Mais attention, avec Dieu, il y a un point de non-retour, et le jour viendra où l’ultime occasion sera offerte. Si elle n’était pas saisie : «Vous saurez, dit-il, ce que c’est que d’être privé de ma présence ; moi, l'Eternel, j’ai parlé (Nombres 14.34-35) !» Nos angoisses nous suivraient alors au-delà du temps.

Je me souviens des crises de ma jeunesse, quand secoué intérieurement par des tempêtes de toutes sortes, je cherchais une voie, une issue, un terrain sûr et solide. J’avais soif de réalité ! A considérer ceux qui se disaient de Dieu, j’en éprouvais certaines aigreurs. Leurs religions respectives les rendaient arrogants, égoïstes, on ne peut plus fiers souvent. La politique ? Là encore des conflits, d’intérêts surtout, et une fausse réponse à mes besoins. Je continuais de chercher... Si Dieu existait, je le voulais réel à moi, vrai à mon cœur et à mon intelligence. S’il existait, c’était d’une relation personnelle avec lui dont j’avais besoin, d’une authentique expérience. S’il était vraiment mon créateur, j’estimais avoir le droit de le connaître. Je ne voulais pas seulement qu’on m’en dise quelque chose. C’eût été insuffisant. Et puis, j’en avais assez d’être trompé. Mais quel moment merveilleux lorsque je le rencontrai ! L’impact qu’il fit sur ma vie fut tel qu’elle en fut toute changée, révolutionnée même. Mon existence prit une dimension nouvelle et était enfin comblée. C’est une personne que je découvris dans cette rencontre et non une religion, un Dieu vivant et non un dogme ni une tradition. Une vie nouvelle s’ouvrait à moi, et cela remonte à plus de vingt ans. Depuis, Dieu est devenu mon compagnon de route, un ami de tous les instants qui n’a jamais manqué.

Jésus a dit : «Je suis le chemin, la vérité, et la vie» (Jean 14.6), ou Etait-il insensé de s’exprimer ainsi ? Aucun homme de quelque siècle que ce soit, n’a pu tenir un tel propos. Nous l’aurions jugé fou ! Qu’en est-il de Jésus ? Ses ennemis mêmes de son vivant durent admettre que «jamais homme n’a parlé comme cet homme» (Jean 7.46). Quel aveu ! Comme il le fit il y a vingt siècles, Jésus pose aujourd’hui la question : «Qui dites-vous que je suis (Matthieu 16.15) ?» Pour certains, il fut le premier communiste, pour d’autres un révolutionnaire. D’autres encore ont tenté de le mettre de leur bord en l’interprétant à leur façon et en lui faisant prendre leur sillage.

Quant à la Bible, qu’en dit-on généralement ? S’est-on posé la question de savoir pourquoi elle est encore, contre vents et marées, le best-seller mondial ? Traduite en plus de 1200 langues et dialectes, elle reste le livre le plus lu et le plus vendu au monde.

Voltaire jouant les prophètes prévoyait qu’elle disparaîtrait à jamais 30 ans après sa mort. Eh bien, 30 ans après lui, les premières sociétés bibliques commençaient à la diffuser massivement ! Jésus a dit : «Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas» (Luc 21.33). Avons-nous jamais eu, à l’occasion, l’honnêteté de nous pencher sur les paroles de celui à partir duquel les hommes ont compté leurs jours ? Il serait grand temps de le faire...

[1] La douleur du Perrier, Malherbe


Source : Un seul chemin, par Alain Choiquier