« Notre Père qui est aux cieux » !

Ton esprit doit s'élever jusqu'au ciel où habite le Père, où le Royaume trouve son achèvement. Souvent tes pensées s'arrêtent trop sur la terre et alors il t'est difficile de prier. Pourtant le Père céleste n'est pas loin de toi. Il descend vers toi quand tu pries : c'est comme si tu parlais à un ami à tes côtés. Puisses-tu toujours en être convaincu !

Tu penses peut-être qu'il est plus facile de se représenter le bon Sauveur si proche et qu'en le priant tu es plus à ton aise. Tu es libre de le prier, mais pourquoi ne serais-tu pas tout autant à ton aise en t'adressant au Père, puisqu'il est ton Père ? Il est vrai que nous devons prier au nom de Jésus, mais d'où vient que tu appelles Dieu ton Père ? Si tu as vis-à-vis de lui les droits d'un enfant, n'est-ce pas à Jésus que tu le dois ? Peux-tu prier le Père sans te rappeler qu'il est le Père de Jésus-Christ ? La prière adressée au Père est toujours une prière au nom de Jésus. Comment ton esprit pourrait-il s'élever au ciel sans y trouver le Sauveur, assis à la droite de Dieu ?

Réfléchis au Notre-Père tout entier. Tu sanctifies le nom de Dieu quand tu crois en Jésus. C'est Jésus qui fonde le règne qui doit venir. C'est par lui que s'accomplit la volonté de Dieu sur la terre, car c'est lui qui mettra tous les ennemis sous ses pieds, pour que seule subsiste la volonté du Dieu vivant. Tu demandes du pain pour soutenir ta vie, à qui dois-tu la vie, si ce n'est au Sauveur qui en mourant s'est chargé pour toi de la malédiction de la mort ? Qui pardonne les péchés, ou par qui as-tu la possibilité du pardon ? Qui nous secourt dans la tentation, qui nous délivre enfin de tout mal et nous arrache aux griffes du malin ? Tu vois que tu trouves Jésus dans toute la prière du Royaume. Chaque fois que tu en prononces les demandes, tu es en sa présence aussi bien qu'en celle du Père, et c'est Jésus qui a dit : « Quand je serai élevé au-dessus de la terre, je les attirerai tous à moi.»

Le Sauveur t'apprend à dire : « Notre Père » ; cela, signifie que tu ne dois jamais te présenter seul devant le Père, mais toujours en communion avec tous ceux qui, comme toi, ont besoin du secours de Dieu. En priant tu dois être la voix et le représentant de toute la création qui souffre et gémit : c'est ainsi que tu pries en enfant du Royaume. Mais que de fois, quand nous prions, nous ne songeons qu'à nous-mêmes et aux nôtres, et pourtant notre cœur devrait être large comme celui du Sauveur qui a donné sa vie pour tous, afin de nous unir tous en lui. Nous répétons bien quelques formules qui semblent venir d'un cœur plus confiant, mais elles ne font qu'accompagner la prière en boitant, pour ainsi dire : le cœur n'y est pas. Que le Notre-Père nous enseigne à mieux prier ! Si nous savions bien le dire, en y mettant tout notre cœur, combien ne ferions-nous pas progresser la cause du Royaume.


Extrait du livre La Prière du Royaume.

Image: « Le Christ dans le jardin de Gethsémané », par Heinrich Hofmann, 1890, Christ Images.