Hier j’étais avec Toi à Gethsémani,
Tu m’as dit de T’y accompagner.
Tu étais angoissé,
Tu étais pris d’effroi,
Tu manifestais une nature que
Tu ne m’as jamais montrée,
Tu étais tout trempé de sueur,
Tes veines n’ont pas supporté
la pression de ce que Tu vivais,
Elles ont éclaté, laissé le sang sortir de toi
et s’entremêler à Ta sueur.
Aucun homme ne survivrait à cela.

Je dormais quand tout ceci se passait,
Tu m’avais pourtant dit de prier avec Toi,
Tu m’avais pourtant appelé pour veiller avec Toi,
Tu m’avais conseillé d’être vigilant
pour ne pas entrer en tentation,
Tu m’as même réveillé dans mon sommeil,
Mais faible et moins soucieux de ce que tu vivais
j’ai satisfait le désir de ma chair.
Je me suis endormi encore.
Quelques heures plus tard j’allais te renier…
Moi, l’homme si fier qui te disait je t’aime
quand l’ennemi ne s’était pas encore présenté
Où suis-je ?
Moi, l’être tellement sûr de sa foi,
qui te disait : «je ne t’abandonnerai point»
Où suis-je ?

J’ai trouvé ma place dans la foule
au milieu de tes accusateurs.
Pendant qu’on t’emmenait
Ton regard a rencontré le mien.
Une flamme de Compassion a traversé mon être
et consumé tous mes membres.
L’homme que je suis est devenu tout nu
devant Ton singulier regard.
Mes vêtements, la foule, les piliers des
gigantesques bâtiments pouvaient me protéger
Mais, il a transpercé leurs épaisseurs
et plus que la lumière du jour,
J’étais comme en infraction sous
les projecteurs du Divin Maître.

Ce que Tu as prédit s’est accompli.
Le coq chante pour la deuxième fois,
Trois fois je T’ai renié.
Je crie la misère de ma foi.

Kyrié Eleison !
Christe Eleison !
Kyrie Eleison !

Caspar David Friedrich, Croix dans les montagnes


Poème inédit. Mis en ligne avec l’aimable autorisation de l’auteur.