Il y en a plusieurs qui ont abandonné telle ou telle forme d'injustice mais qui restent très attaché au monde à d'autres égards. Sur les dix vierges (Matthieu 25.1-33) qui sont allées rencontrer l'époux, cinq d'entre elles ont dû rester à l'extérieur : les flammes de leur lampes festives ne brûlaient plus. Leur fidélité s'était éteinte ; elle n'était pas suffisamment grande. Parmi les différents serviteurs à qui le propriétaire a confié son exploitation, l'un a dû être renvoyé pour la même raison – manque de fidélité. Dans le grande troupeau d'animaux qui sont considérés comme purs, les chèvres devront à la fin être séparés des moutons.

La même séparation se produit ici sur le chemin de l'abandon. Les portes sont grandes ouvertes (Esaïe 26.2), et les gens veulent entrer, mais seule la fidélité et la vérité comptent (Matthieu 7.21). Ce ne sont pas les mots pieux mais les œuvres volontaires nés dans la foi qui appartiennent au Nouveau Royaume. Certaines personnes aiment parler de toutes sortent de merveilleuses formes d'adoration, mais il restent néanmoins sur un terrain glissant et très incertain. Ils ne veulent pas prendre le chemin de la Gelassenheit*. Personne n'ose la prendre. C'est une voie trop exigeante. Elle demande une fidélité inconditionnelle et l'abandon de tout ! La richesse et le confort sont un terrain glissant et meurtrier sur lequel tout est condamné à s'effondrer.

Le jour du test viendra. Alors tout fondra et brisera comme la glace. Alors il sera évident comme chacun a bâti sa vie. Ils n'ont fait aucune bonne œuvre envers Jésus, car ils n'ont pas respecté Sa Parole et ne L'ont pas réellement aimé. Ils ne pouvaient donc pas aimer ceux qui Lui appartenaient. Devant cette réalisation, cela ne servira à rien de poser des questions ou de proposer des excuses. Ils seront rejetés. Ils ont échoué au test suprême du feu purifiant (Ecclésiaste 2.5). Ce même feu aurait pu prouver dans son temps s'il y avait de l'or véritable en eux, ou si ce qui semblait être de la foi était en réalité une illusion.

Le nom de ce feu purifiant qui donne la réponse décisive à cette question est Gelassenheit. Dans ce fourneau, toute scorie et tout métal commun sont éliminés. Dans ce feu ils sont enlevés, rejetés et éliminés. Ce qui est libéré c'est l'or pur : la foi, et tout ce qui émane de la foi. Toutes les autres choses que l'homme possédait sont éliminées. Dieu et Mammon ne peuvent rester fusionnés. C'est le test que le jeune homme riche, Ananias et Saphira, et des milliers d'autres personnes ont dû subir. Ce test ardent a dévoilé ce qui était le plus important pour eux : les pieuse volonté-propre et les leurs possessions – ou Christ dans son prochain ! Cette fournaise brûle tout ce qui bloque et entrave. Elle a le même effet que le trou de l'aiguille ou la porte étroite. Aucune des choses que nous traînons derrière nous ne peut passer. Le feu est nécessaire pour éprouver l'or.

Chacun doit passer ce test ! Depuis le début il en est ainsi. Lorsque la terre a été créée, Dieu a vu que tout était bon de sa manière. Ce n'est que par rapport à l'homme que Dieu ne s'est pas prononcé (Genèse 2.16, 17). Au lieu de cela, Il lui a préparé un test pour voir s'il allait choisir le bon ou le mauvais (Genèse 3.1-6). Dans ce test, l'homme a montré ce qu'il était ; il a fait le mauvais choix. Abraham a aussi dû passer ce test sous une forme très rude. La même chose s'est passée avec les Israélites, qui ont été appelés hors des richesses d'Égypte pour être amenés dans le désert. Leur test c'était la pauvreté, et la prohibition de certaines viandes en faisait partie. Dans le cas de Job, la nature du test était encore plus claire (Job 1.9-12). A chaque fois qu'une chose devient l'objet du plus grand amour d'un homme, Dieu intervient. A travers Jésus, Dieu attaque notre volonté-propre et notre cupidité d'une manière encore plus forte. Celui qui réussit cette épreuve et qui choisit la voie de Jésus se voit confier les plus grandes responsabilités. Celles-ci ne lui sont confiées que lorsqu'il a abandonné sa maison, sa famille, et ses biens pour Christ (Matthieu 10.37). Mais celui qui aime n'importe quelle de ces choses plus que Jésus n'appartient pas à Jésus. C'est pourquoi l'amour est décisif, l'amour qui naît de la foi; c'est le feu purificateur de la véritable Gelassenheit. Ce qui demeure comme l'or purifié c'est l'amour de Dieu ; c'est la seule chose qui a sa place dans Son Royaume.

Dieu veut que l'on aime les pauvres. La communauté chrétienne est la meilleure façon de mettre en pratique cet amour. Par le travail dur et régulier, nous pouvons fournir un niveau de vie convenable pour les pauvres et ceux qui n'ont pas de foyer ; nous pouvons leur fournir de la nourriture trois fois par jour. Nous pouvons faire cela sans rien posséder nous-même. Par ce service des gens qui auraient dû mendier de porte à porte ou mourir dans la misère et la faim, peuvent vivre convenablement. Cela est fait uniquement par amour par tous ceux qui vivent en communauté ; purement pour Christ et pour les pauvres. C'est une question d'amour et d'amitié et de fraternité (Galate 6.10) ; tout d'abord amour et amitié envers nos frères dans la foi. Ce n'est que dans le dévouement joyeux que cette oeuvre peut être réalisée.

Dans une telle vie, il n'y a aucune pensée de revenu ni de profit (Deutéronome 23.19, 20) ; encore moins d'intérêt ou d'usure. C'est hors de question. Dans la Nouvelle Alliance, l'appartenance, l'intérêt-propre et l'avarice sont considérés comme injustice et malice. Mais la volonté-propre obstinée empêche les hommes de reconnaître leur culpabilité par rapport à ces péchés, comme c'est le cas avec l'orgueil. L'avarice est tellement évidente que n'importe qui pourrait la détecter ; c'est elle qui rend un homme riche et l'autre pauvre. Un homme pourrait l'aider l'autre mais il ne le fait pas. C'est ça l'avarice. Mais il y a une autre forme d'égoïsme par rapport à l'argent qui se trouve être toute aussi avare : les riches prêtent avec intérêt de l'argent à leurs pauvres frères dans la foi afin de devenir un peu plus riches. Qu'en est-il de l'amour et de la fraternité ? Et la conscience ? Comment quelqu'un pourrait-il les reconnaître comme étant des chrétiens ? Car en effet, le signe du disciple c'est bien l'amour.


* Mot allemand, sans équivalent en français, qui veut dire « délaissement » ou « abandon de soi ».

Extrait du livre Vivre en communauté — Une nécessité inéluctable.