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    monastery entrance in Egypt

    Moines et Martyrs

    Entretien avec l'archevêque Angaelos

    par Archbishop Angaelos

    mercredi, le 30 juin 2021

    Autres langues: Deutsch, 한국어, English

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    L’article suivant:

    Que peuvent nous apprendre les martyrs sur notre vocation ? L'archevêque Angaelos, de l’Église copte orthodoxe de Londres, s’entretient avec Peter Mommsen, de la revue La Charrue, au sujet de l’Église persécutée aujourd'hui.

    L'année dernière, vous et moi avons participé à un certain nombre d'événements qui commémoraient les vingt et un martyrs. Théologiquement et culturellement, il est difficile d’imaginer une plus grande distance au sein du Corps du Christ que celle qui sépare ma communauté anabaptiste, le Bruderhof, de l’Église copte orthodoxe. Mais il était intéressant de constater à quel point il apparaissait évident que nous formions un même corps. Par exemple, dans la tradition anabaptiste également, il existe une solide coutume de rappeler les récits des martyrs. Cela ne gomme pas les différences, mais elles me semblaient vraiment reprendre leur juste place.

    Absolument. Il ne faut pas négliger les divergences théologiques. Mais cela ne veut pas dire que nous ne pourrions pas collaborer dans notre travail, comme l’ont fait l’Église copte et le Bruderhof au cours de l’année écoulée.

    Nous avons évoqué la persécution. Mais notre foi subit une autre pression, moins dramatique mais peut-être tout aussi dangereuse. Notre société libérée met en avant l'autonomie. Nous sommes supposés garder toujours une liberté de choix. En revanche, devenir disciple est une vocation que l'on ne choisit pas. On peut dire oui ou non, mais on ne définit pas en quoi cela consiste. Et quand nous répondons à cet appel, quand nous donnons entièrement notre allégeance au Christ, nous n'avons plus différentes options possibles. Répondre à l'appel à devenir disciple est-il plus difficile aujourd'hui que dans les siècles précédents ?

    Chaque époque a ses propres défis. Cependant, quand Sa Sainteté, le défunt pape Chenouda III, m'a envoyé pour exercer mon ministère en Angleterre, il a dit quelque chose qui m'a frappé. Il m'a dit que, dans les temps passés, le problème avait toujours été de choisir entre le bien et le mal, et que les gens choisissaient ce qui était mauvais. Tandis que maintenant, il existe un flou entre ce qui est juste et ce qui est mal. C’est le défi qui attend nos enfants et ceux que nous essayons d’atteindre. Maintenant, on considère que tout est relatif. Pour certains, de fait, plus rien ne saurait être considéré comme sacré.

    En nous mettant au service de nos enfants dès leur plus jeune âge, en étant pour eux des guides, en leur montrant que nous ne sommes pas hypocrites mais que nous restons fidèles, nous transmettrons la foi. Si, dans ma prédication et dans ma conduite, le message du Christ reste fort et clair, je toucherai encore les gens. L'Esprit qui est en eux en gardera le désir ardent.

    De nombreux chrétiens occidentaux semblent regretter le temps où le christianisme dictait à la société ses limites. Contrairement aux Églises occidentales, l’Église copte est minoritaire dans le paysage religieux, depuis des siècles. Que pourraient enseigner les expériences de l’Église copte aux Églises occidentales ?

    Sans aucun doute, nous représentons une minorité numérique en Égypte. Les chrétiens coptes sont moins nombreux en Égypte que les musulmans. Mais nous refusons d'être catalogués comme une minorité. En ce qui nous concerne, qu'il s'agisse de nous en Égypte ou des nombreuses autres communautés chrétiennes du Moyen-Orient, nous sommes les peuples autochtones des pays que nous habitons encore. Nous sommes la population indigène.

    Quatre-vingt-dix pour cent des chrétiens coptes se trouvent toujours en Égypte. Il est évident qu'il s'agit d'un scénario très différent de ce que vivent les chrétiens en Syrie, en Irak, en Libye et dans les territoires palestiniens, où la grande majorité des chrétiens ont désormais quitté leur pays d'origine.

    Quand on subit des pressions, la façon de vivre sa foi change. On risque moins de devenir indifférent ; le témoignage est donc plus existentiel et plus puissant.

    Vous êtes un évêque – vous êtes donc un berger. Que signifie cet appel ?

    Cet appel reste toujours prioritaire. Je m'engage à rester à la disposition des personnes dont j'ai la charge, dont je suis responsable. C'est ce qui me permet de continuer.

    Les liens que j'ai noués avec les gens auprès desquels j'ai exercé mon ministère au cours des trente dernières années garderont toujours la priorité. Ils comptent sur moi, ils m'ont été confiés. Dans notre Église, nous avons un sens profond du ministère pastoral de proximité, où le prêtre ou l'évêque est un père. Non pas comme un père, mais vraiment un père spirituel. Cela signifie que nous ne prenons pas notre retraite, mais que nous mourons dans notre ministère. Lorsqu'un évêque est intronisé dans un diocèse, comme je l'ai été, il reste à son service toute sa vie.

    Étant donné que j'ai débuté ici à Londres en tant que prêtre, les gens de nos paroisses s'adressent directement à moi. Mon bureau s'occupe de toutes les affaires extérieures, notamment de nos relations œcuméniques, de la défense de nos intérêts, etc. Mais ce qui est pastoral me parvient directement. Les gens m'appellent directement, ils s'arrangent avec moi pour un rendez-vous pastoral. Je fais encore des visites à domicile, j'entends toujours des confessions. Je baptise les enfants des enfants que j'ai baptisés lors d'une précédente visite. Cette stabilité est importante pour ceux qui bénéficient de notre ministère.

    Dieu nous a confié la tâche de nous mettre au service de ses enfants. Cela fait une différence si nous répondons fidèlement à cet appel ou non. Plus nous veillerons fidèlement sur notre troupeau, plus les gens deviendront capables de suivre vraiment le Christ dans leur vie et d'atteindre son Royaume.

    Nous avons parlé de vocation. Mais il y a des gens qui estiment qu'ils n'ont pas de don à offrir – qu'ils n'ont pas reçu d'appel. Comment les encouragez-vous ?

    Eh bien, tout d’abord, je leur dirais qu’ils ont tort. Tout le monde a reçu des dons. Notre Dieu est un Dieu généreux. Il nous aime comme ses enfants. Il nous offre des dons que nous ne méritons pas et que, de fait, nous n’avons pas gagnés, afin que nous les utilisions pour son Royaume. Si nous ne sommes pas capables de discerner ces dons, c'est que ceux qui nous entourent ne nous ont pas suffisamment aidés à les voir, ou alors que nous cédons à une ruse de Satan qui cherche à nous faire croire que nous n’avons aucune valeur, et donc à nous rendre inefficaces. En réalité, nous avons tous quelque chose à offrir, mais parfois nous n'arrivons pas à le voir par nous-mêmes.

    Si nous voulons investir, nous prenons un conseiller financier. Si nous voulons être en forme, nous prenons un moniteur de conditionnement physique. Il en est de même en ce qui concerne notre spiritualité. Nous avons besoin de quelqu'un pour nous guider dans la vie de disciple. Ce sont ces gens-là qui nous aideront à discerner notre vocation, nos dons et la manière pour bien les utiliser. Ces gens-là nous demanderont des comptes si nous ne les utilisons pas, ou si nous ne les utilisons pas correctement. Nos familles, nos amis fidèles, nos directeurs spirituels, nos prêtres peuvent vraiment nous aider.

    Nous avons toujours quelque chose à offrir. Même s'il s'agit des deux petites pièces de la veuve ou des cinq pains et des deux poissons du jeune garçon. Nous y sommes appelés. Cela signifie que nous avons la responsabilité devant Dieu de répondre à cet appel et de faire usage de nos dons. Même s'ils semblent insignifiants, c'est faux. Dieu est capable de faire de grandes choses grâce à eux par la bénédiction qu'il fait reposer sur eux.


    On a abrégé et modifié cet entretien, daté du 31 juillet 2019, pour en faciliter la lecture.

    Traduit de l'anglais par François Caudwell.

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