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    Sunrise Clouds

    Le défi de la réconciliation

    par Alfred Bour

    jeudi, le 19 juin 2014
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    À la lumière de la foi, la vie en plénitude est l’objectif de la réconciliation (Jn 10.10). La désobéissance de l’homme envers Dieu porte atteinte à la communauté de vie entre le créateur et la création car l’homme s’oppose à la volonté divine par ce que nous appelons péché. Le péché, en tant qu’acte libre de l’être humain, ne représente pas seulement un obscurcissement de l’esprit que ce dernier doit renier, ou encore une maladie qu’il faut soigner, ou une mort dont il faut ressusciter ; il est surtout une « hostilité » envers Dieu qui sera effacée par la réconciliation en Jésus-Christ. Cette réconciliation conduit donc à une nouvelle vie, à un renouveau et à une nouvelle création (2 Cor 5.17) : l’être humain est ainsi à nouveau en harmonie avec Dieu, en harmonie avec lui-même et avec la création tout entière...

    La recréation de cette communauté de vie est l’œuvre de la miséricorde de Dieu, qui, en retour, réclame l’attention de tous. C’est en ce sens que les cultes, les prières et les louanges sont des démarches qui cherchent à réconcilier l’homme avec Dieu (Nom 5.7-8). Les prophètes insistent, d’autre part, sur l’aspect moral et religieux de la réconciliation avec Dieu, par la conversion et la pénitence tout autant que par le respect des commandements (Is 1.10-20).

    C’est en Christ que Dieu prend l’initiative de la réconciliation et réconcilie le monde entier avec lui-même (2 Cor 5.19).

    Dieu ne « se réconcilie » pas avec le monde au sens réfléchi mais il réconcilie le monde avec lui-même dans la mesure où il crée une nouvelle relation d’alliance. La réconciliation ne concerne pas seulement les êtres humains mais la création entière (Rom 8.22-23; Col 1.20).

    ​L’amour de Dieu qui s’est manifesté en Christ crucifié et ressuscité est à l’origine de la réconciliation...

    L’amour de Dieu qui s’est manifesté en Christ crucifié et ressuscité est à l’origine de la réconciliation, autant que la force qui transforme la vie du pécheur et le rend capable de se réconcilier avec Dieu et son prochain.

    Du point de vue de Dieu, la réconciliation s’accomplit par Christ au bénéfice de tout le genre humain ; du point de vue de l’humain, elle doit continuellement être accomplie par chacun, comme l’apôtre Paul nous le rappelle : « Réconciliez-vous avec Dieu » (2 Cor 5.20).

    Le Christ, « notre paix », conduit les êtres humains vers l’unité et les réconcilie en en faisant un seul et nouveau peuple (Eph 2.11-15), un seul corps (2.16-18), un seul temple saint (2.19-22), une seule Église (5.25-27). C’est de là que cette dernière a reçu le ministère de la réconciliation (2 Cor 5.18). L’Église est une communauté réconciliée en Jésus-Christ, dans laquelle il n’y a plus ni Juif, ni Grec, ni esclave, ni homme libre, ni homme, ni femme, car tous ne sont qu’un en Jésus-Christ (cf. Gal 3.28).

    La fin de l’inimitié entre Dieu et l’homme est le propre de la réconciliation. Elle suppose qu’il y ait eu un péché qui a détruit l’harmonie qui régnait entre l’homme et Dieu, qui régnait en l’homme et qui a ainsi détruit le monde. La réconciliation est donc la destruction du « mur de séparation » et la « fin de l’hostilité dans le corps du Christ » (Eph 214; Col 1.20; Rom 5.10).

    Ce service est un devoir, non seulement pour les Églises en tant qu’institutions, mais aussi pour les chrétiens et pour tous les « hommes de bonne volonté » : « Heureux ceux qui font œuvre de paix, ils seront appelés fils de Dieu » (Matt 5.9).

    La lecture spirituelle de la Bible, la prière fervente, l’annonce de « l’Évangile de la réconciliation » (2 Cor 5.19), la vie sacramentelle et la diaconie sociale sur le terrain doivent demeurer des sources vivantes d’inspiration pour le service de la réconciliation dans un monde si souvent soumis à des tensions, éclaté en blocs culturels, économiques, confessionnels, idéologiques et militaires, divisé par des conflits d’intérêts et qui trouve aujourd’hui, tant bien que mal, le chemin de l’unité...

    ​L’Église est le grand signe de la réconciliation au milieu des hommes. Sa tâche est de l’exercer à tous les niveaux et de travailler à un monde réconcilié.

    L’offre de la réconciliation change complètement la situation des hommes par rapport à Dieu et entre eux. « Dans ses bras étendus, Jésus vit l’écartèlement de la haine entre Juifs et païens, et de toute haine entre les hommes. Mais ses bras écartelés deviennent le don d’un embrassement fraternel(footnote)... » A quoi servirait ce grand don de Dieu s’il n’était pas accueilli ? Voilà pourquoi le Christ a confié ce grand ministère de la réconciliation à l’Église, pour quelle le perpétue au milieu de l’humanité jusqu’à la fin des temps. L’Église est le grand signe de la réconciliation au milieu des hommes. Sa tâche est de l’exercer à tous les niveaux et de travailler à un monde réconcilié. C’est une œuvre considérable toujours en chantier, jamais achevée. Nous devons l’exercer ensemble — à travers nos diversités - en faveur des personnes et des groupes humains, dans les familles, comme au sein des conflits sociaux, pour la réconciliation nationale de notre pays, mais aussi entre les Églises et avec tous les groupes qui constituent la société.

    ... Or, quand quelqu’un souffre et pleure ses morts, il est dans une quasi-impossibilité d’entendre la souffrance de l’autre et de partager ses larmes. Cela est humain. Mais cette souffrance peut opérer en deux directions inverses.

    La première consiste à projeter ma souffrance personnelle sur l’autre, à le charger de tous les maux et à faire de lui le bouc émissaire de tous mes malheurs.

    La deuxième consiste à jeter de petits ponts en direction de l’autre, à chercher à renouer les fils cassés, peu à peu, avec le temps et avec l’aide de la grâce de Dieu qui agit en chacun, car Dieu n’a pas abandonné son peuple.

    Si chacun reste dans sa souffrance, il n’y aura pas d’avenir possible. Nous resterons dans le schéma de l’accusation...

    La réconciliation sera toujours le … défi de « se changer à l’égard de quelqu’un », d’être rendu autre par une transformation, vécue personnellement et ensemble.


    Source : « La réconciliation dans le christianisme » in L’espérance insoumise : les religions, moteurs de la réconciliation sociale et politique

    Note

    1. Sesbouë B., Jésus-Christ, l’unique médiateur. Essai sur la rédemption et le salut, tome 1, Desdée, Paris 1988.
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