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    Le bonheur - Les béatitudes

    par Eberhard Arnold

    lundi, le 6 février 2017
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    Jésus voulait dévoiler à ses amis et à tous ceux et celles qui l’écoutaient la nature du monde à venir et la personnalité de ceux et celles qui devaient lui appartenir. Comme aujourd’hui, on guettait à son époque la venue d’un nouvel ordre des choses, tant dans le domaine spirituel que dans les domaines économique et politique. On aspirait au Royaume de justice annoncé par les prophètes : connaissant leur message, la conscience religieuse pressentait qu’il s’agirait d’une justice sociale, et que cette justice sociale se construit dans un environnement d’amour et de bienveillance, qu’elle est pratiquement identique à l’amour. La justice et la grâce sont si proches l’une de l’autre dans le cœur de Dieu qu’elles constituent un seul et même mouvement.

    Jésus est venu et il a dévoilé aux humains le caractère profond et les effets concrets de cette justice. Il leur a montré que la justice du Royaume qui vient doit être d’une toute autre nature que la justice morale des dévots et des saints qui, jusqu’à présent, avaient cru en être les détenteurs. Il a révélé ces choses dans sa propre personne et a affirmé en termes très clairs que la justice de Dieu est une force de vie qui s’épanouit en nous telle un organisme vivant. Pour lui, il s’agit d’un processus vital dont le mouvement obéit à des lois saintes.

    C’est pourquoi il lui était impossible d’aller vers les hommes et les femmes et de les forcer à se comporter de manière juste. Il s’est approché d’eux tout autrement. Il savait voir, en esprit et en vérité, ceux qui avaient en eux la justice de Dieu. Il les a décrits : heureux ceux qui ont ce caractère, car ils verront Dieu, car le Royaume de l’avenir leur appartient, car ils possèderont la terre, car ils seront consolés et rassasiés, car ils obtiendront de Dieu miséricorde et seront appelés fils et filles de Dieu.

    L’unité organique propre à l’état d’esprit à venir s’exhalait de tout son être, c’est pourquoi nul ne pouvait penser que l’une de ces phrases puisse être arrachée à son contexte et présentée comme une loi isolée. Ce serait une erreur que de ne prendre que la pureté de cœur ou l’action pour la paix pour en faire une exigence morale ou politique particulière. Il est certain que sans la pureté de cœur, sans le travail actif pour la paix, on ne peut avoir part au Royaume de Dieu. Mais, si le bon arbre n’est pas solidement enraciné, il ne pourra jamais porter de bons fruits. Si la transformation ne touche pas à tous les domaines de la vie, il ne sert à rien de vouloir imiter Jésus sur un seul point.

    Les béatitudes ne peuvent pas être dissociées les unes des autres. Elles décrivent le cœur des citoyens du Royaume : on ne peut couper les vaisseaux qui l’irriguent. C’est pourquoi elles commencent et se terminent par la même promesse : celle de posséder le Royaume. Et c’est pourquoi toutes commencent par l’affirmation du bonheur intérieur.

    L’esprit qui émane des béatitudes est à la fois pauvreté, dénuement, désir ardent, faim et soif, mais aussi richesse partagée, amour qui donne, bonté, énergie et œuvre de paix, victoire sur toutes les résistances. Le cœur présenté dans les béatitudes est pur et intègre. À travers lui, on peut voir Dieu. Jésus décrit des hommes et des femmes porteurs d’une vision, d’une vision intérieure et d’une vision de l’être. Ils portent la souffrance du monde, ils se savent sans ressource devant Dieu, ils ne trouvent en eux-mêmes aucune justice. Mais ils voient la justice et ils voient l’Esprit et c’est pourquoi ils ont faim et soif et sont remplis d’un désir ardent. Il ne s’agit pas ici du bonheur que produit la satiété, il ne s’agit pas de la jouissance des désirs satisfaits, mais bien du bonheur plus profond qui est donné aux yeux et aux cœurs ouverts. Pour être ouvert à Dieu, à sa richesse et à ses dons sans cesse renouvelés, il faut se sentir pauvre et vide, assoiffé et affamé.

    La spécificité de l’expérience religieuse authentique est décrite ici. La richesse en Dieu et la pauvreté en soi-même, l’union avec Dieu et le désir insatiable de sa présence, la détermination sans partage du cœur et la faiblesse de l’âme, la justice de l’amour de Dieu et le consentement à subir l’injustice sont absolument indissociables. La suffisance religieuse et l’autosatisfaction, la bonne conscience en politique ou dans d’autres domaines, le sentiment d’être riche et d’être le meilleur, rien de cela n’a à voir avec le bonheur des citoyens du Royaume. C’est parmi ceux qui marchent à la suite de Jésus et le reconnaissent comme leur guide que l’on trouve ceux et celles qui connaissent le bonheur selon Dieu et croient en la justice à venir de Dieu. Leur cœur n’est pas partagé, il est tout entier tourné vers l’Esprit et sur la justice prophétique de l’amour inconditionnel. Ils ressentent l’injustice en eux-mêmes et autour d’eux. Ils ressentent la pauvreté en esprit dans leur propre existence et dans celle de l’humanité, mais ils ont aussi les yeux fixés sur la justice du Royaume de Dieu et trouvent leur consolation dans la conviction que l’amour va conquérir le monde.

    C’est pourquoi ils sont à la fois riches et pauvres, car ce sont des hommes et des femmes de foi, qui n’ont rien en eux-mêmes et possèdent tout en Dieu, qui malgré tous leurs échecs osent encore et encore mettre en pratique ce qui est invisible et ne veulent rien ôter au caractère absolu de l’amour de Dieu. Ils expérimentent la miséricorde de Dieu et la font rayonner sur tous ceux et celles qui sont dans le besoin, ils savent qu’ils sont du côté de la pauvreté et de la souffrance, du côté de ceux qui subissent l’injustice, et ils sont prêts à être persécutés avec eux pour la justice. Ils savent qu’ils ne peuvent vivre dans le monde sans lutter, ils savent qu’ils auront à subir les insultes de leurs adversaires ; mais ils restent joyeux dans ce combat et ils n’abandonnent pas leur mission d’artisans de paix. Ils sont capables de surmonter les tensions et de vaincre l’inimitié par l’amour. Les hommes et les femmes décrits dans les béatitudes sont des êtres aimants qui vivent selon le cœur de Dieu. Ils demeurent en lui. La loi de l’Esprit de vie les a libérés des mécanismes du péché et de la mort. Nulle puissance ne peut les séparer de l’amour de Dieu qui est en Christ-Jésus.

    Mais ce qui est le plus remarquable, c’est qu’ils sont capables de percevoir partout la même semence de Dieu, de voir briller la même lumière, de ressentir la même chaleur. Lorsque les êtres humains sont écrasés par la souffrance, lorsqu’ils reconnaissent leur pauvreté et aspirent à recevoir l’Esprit de Dieu, lorsqu'ils ont un désir ardent et révolutionnaire de justice sociale, lorsque s’élève en eux une protestation passionnée contre la guerre et le sang versé, lorsqu’ils sont persécutés en tant que socialistes ou pacifistes, s’ils sont purs de cœur et miséricordieux, c’est alors qu’ils voient Dieu à l’œuvre, c’est alors qu’ils entendent ses pas dans l’histoire, qu’ils voient s’approcher son règne, qu’ils peuvent commencer à entrevoir ce que sera le bonheur qui vient.

    Le chemin que nous montre Jésus ici est le seul moyen de nous préparer intérieurement au règne à venir. Pour avancer sur cette voie, nous ne pouvons rien faire d’autre que reconnaître notre pauvreté en esprit, sans restriction et en toute franchise. Lorsque nous avons faim et soif de la justice qui jaillit de l’amour, sachant qu’il s’agit de ce qui est le plus important au monde, tout le reste n’est que néant. Notre cœur s’ouvre alors pour ce que Dieu seul peut donner.


    Extrait du livre SEL ET LUMIÈRE par Eberhard Arnold.

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    Presenté par EberhardArnold2 Eberhard Arnold

    Eberhard Arnold (1883-1935), théologien, éducateur et écrivain allemand, fut le fondateur des communautés Bruderhof.

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