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    Detail from Konstantin Dmitriyevich Flavitsky's painting, Christian martyrs in the Colosseum.

    L’affrontement qui importe

    par Charles E. Moore

    mercredi, le 11 novembre 2015

    Autres langues: Deutsch, English

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    Voici plusieurs années j’ai animé un atelier lors d’un festival de musique chrétien. Me tenant devant un public d’une centaine de personnes, j’ai mis une grande couverture à même le sol. Avant que je ne le sache, elle était jonchée de tous les objets concevables - planches à roulettes, montres-bracelets, portefeuilles, chaussures, carnets de chèques, lunettes de soleil, portables smartphones, bonbons, colliers et toutes sortes d’autres choses. La seule chose que j’avais faite était de demander au groupe s’ils croyaient en la description de la Bible de la première église qui partageait tout, et si cela était le cas de déposer tout ce qui était en leur possession sur la couverture devant eux. Ils ont réagi avec enthousiasme.

    Lorsque j’ai suggéré de faire quelque chose de semblable le dimanche matin à un ami pasteur, il a regimbé tout de suite. Non seulement ce n’était pas pratique pour une congrégation de deux mille personnes, m’a-t-il dit, mais cela sentait trop le communisme et déclencherait des protestations. En outre, prendre des Actes littéralement impliquerait toutes sortes de problèmes exégétiques : « Faudrait-il aussi des langues de feu ? »

    Depuis lors je me suis demandé pourquoi nous les Chrétiens évitons d’aborder les questions que nous nous posons là où c’est important. Les églises d’aujourd’hui prêchent sur des sujets allant de A à Z mais il est très rare que nous entendions un mot qui éveille notre conscience ou qui dérange notre paix.

     Christians being forced to enter the colosseum»s arena

    Konstantin Flavitsky, Christian Martyrs in Colosseum

    Les prophètes d’autrefois ont mis en garde contre les faux enseignants qui proclamaient. « La paix, la paix. » (Jer.6 :14). Et Jésus lui-même a dit qu’il n’était pas venu pour apporter la paix mais une épée (Matt.10 :34). Son message allait diviser ceux qui étaient prêts à mettre leur vie au service du royaume de Dieu et sa justice et ceux qui préféraient vivre selon les valeurs de Mammon.

    Lorsque l’apôtre Paul était dans la cité d’Ephèse, une émeute éclata. Un orfèvre prospère du nom de Demetrius, qui fabriquait des sanctuaires d’Artemis, était mécontent que Paul avait détourné tant de gens en prêchant que les dieux faits par l’homme n’étaient pas des dieux du tout. Demetrius rassembla ses compagnons artisans et leur expliqua comment leur commerce était en danger d’être ruiné. Ils devinrent si furieux que bientôt la ville entière se mit à protester. Paul échappa de peu à la mort (Actes 19 :23-41).

    Où est-ce que ce genre de témoignage se passe-t-il aujourd’hui ?N’avons-nous pas en fait inversé l’évangile en tournant les enseignements de Jésus en un message d’espoir et l’église en un groupe de soutien thérapeutique qui contribue à nous donner une meilleure estime de nous-mêmes, accepte et affirme chacun tout comme ils sont ? Oscar Romero a dit un jour :

    Une église qui ne provoque aucune crise, un évangile qui ne perturbe pas, un mot de Dieu qui n’énerve personne, un mot de Dieu qui ne touche pas le vrai péché de la société dans laquelle il est proclamé, quelle sorte d’évangile est-ce ? Des considérations très gentilles et pieuses qui ne gênent personne – c’est la façon dont beaucoup voudraient que l’on prêche. Ces églises qui évitent tout sujet épineux afin de ne pas être harcelées, afin de n’avoir ni conflits ni difficultés, n’éclairent pas le monde dans lequel elles vivent. (L’amour vainqueur)

    Voulons-nous éclairer le monde dans lequel nous vivons ? Croyons-nous en ce qui a été promis dans l’évangile, dans le radicalement nouveau style de vie que Jésus est venu apporter ou sommes-nous satisfaits d’un « »évangile » qui nous élève – un narcotique spirituel qui apaise la douleur mais ne mène jamais à une guérison ? Si nous sommes honnêtes, la plupart d’entre nous préférons entendre des mots religieux qui nous font nous sentir bien et nous permettent de continuer à vivre comme tous les autres. Nous évitons la vérité qui confronte et convainc ; nous préférons avoir notre conscience apaisée plutôt que grillée. Nous préférons une spiritualité attirante, pas une qui va au plus profond de nous-mêmes. Nous voulons une religion qui s’adapte à la culture et qui nous amène facilement aux cieux, pas une religion qui menace de bouleverser et notre vie et notre monde.

    Il n’y a pas si longtemps, un pasteur que je connais a commencé un groupe d’entraide pour les divorcés à son église. Cela a créé un élan d’enthousiasme qui a mené à une rapide croissance du groupe. Mais il y avait quelque chose qui n’allait pas. Pourquoi tant de gens y participaient–ils ?

    Puisque Jésus était clair sur le divorce et le remariage, mon ami s’est rendu compte qu’il devait se clarifier sur ce qu’il voulait dire par ‘entraide’ : apprendre comment vivre pour Dieu en tant que célibataire. Ce n’était pas un endroit pour trouver un nouveau compagnon. Inutile de le dire, le groupe d’entraide de mon ami n’a pas duré longtemps. Ceci est seulement un des problèmes où au lieu de rester fidèle à l’évangile, la majorité des églises supportent le statu quo. En essayant d’être pertinente et aimante, l’église est devenue plus comme la gardienne de la culture que sa conscience. En craignant la confrontation elle a pris honte de l’évangile lui-même. Au lieu de faire l’expérience du pouvoir de l’évangile afin de surmonter les principautés et les pouvoirs qui gouvernent la vie des gens, l’église est devenue, ainsi que l’avertissait Francis Schaeffer il y a quarante ans, « une institution somnolente qui opère seulement sur la base de la mémoire et qui est craintive d’être libre lorsqu’elle devrait l’être. «

    Une église qui est libre – c’est ce dont nous avons désespérément besoin aujourd’hui. Une telle église ne dépend pas des libertés qui lui sont accordées par l’état.

    « Ce dont une nation a besoin plus que toute autre chose, » écrivit le critique social Martyn Eden, « ce n’est pas un souverain chrétien au palais mais une église prophétique à portée de la voix. » Mais qu’est ce qui caractérise une église prophétique ? Bien que de nombreux Chrétiens se soient exprimés sur toute une gamme de problèmes sociaux, ils le font rarement de façons qu’on appellerait clairement chrétiennes. Ils sont souvent tout aussi partisans que politiques, aussi propices aux rhétoriques et aussi rapides à se tourner vers ceux qui ont les poches les plus remplies que toute autre personne. Une église prophétique ne se concentre pas d’abord à faire de la politique mais en démontrant un meilleur moyen. Elle pratique en fait la vérité qu’elle proclame.

    En effet l’église fidèle confrontera la société en général, mais pas essentiellement en bondissant sur certains maux de la société ou certaines politiques publiques. Si nous nous inquiétons sur le déclin moral de la société, nous concentrerons nos efforts en faisant la volonté de Dieu et en se tenant mutuellement responsables. Si nous sommes préoccupés de la désintégration de la cellule familiale, nous démontrerons que dans le Christ les maris et les femmes peuvent rester fidèles et que les enfants sont particulièrement heureux lorsqu’ils sont bienvenus et élevés en famille. Si la vulnérabilité du nouveau-né est ce qui nous cause outrage, alors nous entourerons les mères enceintes et leurs bébés du genre de soutien qui leur permet d’avoir une vie qui a réellement du sens. Si c’est la division entre les races ou l’injustice qui nous bouleverse, alors nous dans notre congrégation, nous nous repentirons de notre propre complicité et trouverons des moyens de démontrer que Noirs et Blancs, riches et pauvres peuvent en effet vivre et travailler ensemble comme des frères et sœurs dans le Christ.

    Jésus a particulièrement contrarié les autorités. Lorsqu’il a exorcisé les démons, les gens se sont souvent mis en colère parce que le mal parmi eux a été exposé. Jésus a dit à ses disciples que le monde les détesterait parce le monde détestait ce qu’il incarnait : le règne révolutionnaire de Dieu et sa justice. Les disciples de Jésus ont témoigné du nouvel ordre de Dieu et ce faisant étaient connus en tant que « La voie » (Actes 9.2) Ils vivaient des vies qui étaient radicalement différentes de la vie des autres autour d’eux, et donc attiraient l’attention des gens. On les disait « étranges » et « particuliers » parce qu’ils vivaient une vision totalement différente de la vie (1Pet.4 ; 1-6).

    Les premiers Chrétiens n’étaient pas intégrés dans la société et ne le cherchaient pas non plus. Ils n’avaient pas d’intérêts personnels dans l’empire et ne cherchaient pas à en profiter. Ils en avaient fini avec les contrats stériles de l’obscurité et se consacraient à eux-mêmes afin de les exposer (Eph.5 :1). Ceci provoquait de l’animosité d’un côté mais aussi de la curiosité d’un autre côté. Ceux qui les accusaient étaient réduits au silence par leurs bonnes vies (1Pet.2 :12) mais étaient même convertis de leurs façons païennes (1 Cor. 6 :9-11). Les premiers Chrétiens avaient de nouveaux adhérents non pas parce qu’ils étaient dans des positions de pouvoir mais parce que la vérité qu’ils proclamaient avait transformé leur vie.

    En tant que disciples du Christ, nous devrions savoir que notre foi, si elle est pratiquée constamment, va provoquer une certaine confrontation et nous coûtera. Ceci ne devrait ni nous surprendre ni nous inquiéter. Comme Oscar Romero nous le rappelle, l’église doit souffrir :

    Elle doit souffrir pour dire la vérité, pour montrer le péché, pour déraciner le péché. Personne ne veut être touché à un point sensible, et donc une société qui a tant de points sensibles tressaille lorsque quelqu’un a le courage d’y toucher et de dire : « Il vous faut traiter cela. Vous devez vous débarrasser de cela. Croyez en Dieu. Convertissez-vous. » (L’amour vainqueur)

    Mais avant que le message de l’évangile ne puisse provoquer des crises et de la confrontation dans toute la société, il faut le faire parmi les fidèles du Christ, nous stimulant à mettre notre propre maison en ordre et à expier notre complaisance et les maintes façons dans lesquelles nous nous sommes compromis. L’église – un hôpital pour les malades et les blessés, un endroit où les pécheurs sont les bienvenus et ceux qui sont perdus sont acceptés – est l’endroit où la vérité libère et où l’esprit renouvelle. Nous pouvons opter pour distribuer toutes sortes de médicaments qui tuent la douleur et apaisent les consciences des personnes, ou bien nous pouvons nous soumettre au scalpel de l’Illustre Médecin.

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