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    Morning over the bay

    Guérison et réveil à Möttlingen

    par Pierre Scherding

    mardi, le 6 janvier 2015
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    Jean-Christophe Blumhardt (1805–1880 devint pasteur à Möttlingen en Allemagne le 31 juillet, 1838. Au printemps de 1840 la jeune fille Gottliebin, eut des attaques étranges qui, peu à peu, suscitèrent l’alarme du village tout entier, jusqu'à ce que, finalement, Blumhardt fut contraint de l’aider. Il comprit vite que ce n'étais pas une maladie, et qu'il fallait l'exorciser. Blumhardt lutta pendant presque deux ans, jusqu'à aboutir à la guérison totale de Gottlieben. Grâce à cette lutte et cette victoire, Blumhardt prit conscience du pouvoir que la magie et la sorcellerie avaient sur les gens. Le 28 décembre 1843, la victoire finale fut remportée, et il cria «Jésus est vainqueur ! »

    En 1842, Blumhardt est appelé au chevet d’une jeune fille atteinte d’une grave hystérie. Le pasteur s’occupa de la malade, alors que les médecins, au bout de leur science, jugeaient eux-mêmes que ce cas singulier rentrait plutôt dans le domaine de la cure d’âmes. A son corps défendant et usant de la plus grande réserve, le pasteur essaie de porter secours à la pauvre âme en détresse en se laissant dicter sa conduite par la parole de Dieu.

    Mais les événements qui se déroulent alors dans la maison de Gottliebin Dittus, sont si inouïs, le retentissement de l’affaire qui dure plus de deux ans et rebondit à plusieurs reprises, est si troublant, que le pasteur qui s’y trouve mêlé, doit bientôt se justifier devant l’autorité ecclésiastique dont il relève et devant le monde savant.

    Pour Blumhardt, il n’y a pas eu de doute que la Gottliebin ne fût possédée par des démons.​

    Le rapport adressé au consistoire et la réponse aux attaques violentes de son ancien ami, le Dr de Valenti, nous renseignent d’une façon précise sur les faits et la manière dont Blumhardt les envisage. La droiture de son caractère, le respect qui l’entoure, la bienveillance de l’autorité ecclésiastique à son égard, ne nous permettent pas de douter de sa bonne foi. Son récit nous rappelle les histoires les plus lugubres de maisons hantées et de spectres damnés.

    Pour Blumhardt, il n’y a pas eu de doute que la Gottliebin ne fût possédée par des démons. Esprits damnés, ils provoquaient les souffrances de la malade et travaillaient à la perte de cette âme soumise dès son enfance à certaines influences obscures. Elle est donc assaillie par les démons qui manifestent leur présence par des coups, des flammes bleues, des apparitions. Comme, avec le secours spirituel du pasteur, elle résiste à leur séduction, ils usent de moyens plus grossiers. Ils introduisent dans son corps des aiguilles, des clous qui sortent ensuite de sa bouche ou de ses yeux. Ils lui injectent du poison, l’obsèdent d’idées de suicide. D’étranges phénomènes de catalepsie, de matérialisation se produisent, qu’il n’y a pas lieu d’étudier ici.

    Mais ce qui nous intéresse du point de vue théologique, c’est l’interprétation que Blumhardt en donne. Pour sa part, il est convaincu qu’il a affaire aux puissances de l’enfer, que c’est contre elles qu’il lutte, et non contre des idées fixes ou contre les suggestions et les hallucinations d’une âme égarée. Dès que cette conclusion lui semble suffisamment vérifiée, il dirige ses attaques avec décision contre celui qui se cache derrière tout cela, contre Satan. La prudence dont il fait preuve, n’est donc pas celle du dilettante qui se meut sur un terrain peu connu, ni celle de l’esprit sobre qui ne voudrait être victime d’aucune duperie, mais bien le souci d’une âme craignant les pièges que Satan le rusé peut lui dresser à chaque pas. Parce qu’il croit à la réalité, à l’efficacité, à la terrible tentation de la magie noire, il s’en tient aussi strictement que possible aux méthodes bibliques pour chasser les démons. Les armes spirituelles de la prière et du jeûne, consacrées par l’exemple du Christ,lui suffisent.

    Cette guérison est donc une victoire du Christ vivant sur la formidable puissance du diable.​

    Avec cette déclaration : « nous avons pu constater ce que Satan peut faire, à présent il s’agit de voir quelle est la puissance du Christ », il avait commencé la lutte au nom du vainqueur des démons. Cette lutte le mènera loin. Ce ne sont pas seulement des groupes, des armées du mauvais esprit qu’il réduit à l’impuissance, c’est un des grands chefs des démons qui, vaincu par la fidélité et la foi d’un serviteur du Christ, quitte finalement avec le cri farouche : « Jésus est vainqueur », le corps de la jeune fille pour être précipité dans l’abîme de l’enfer. C’est un véritable exorcisme au nom de Jésus qui a été pratiqué.

    Cette guérison est donc une victoire du Christ vivant sur la formidable puissance du diable. La pensée réaliste et biblique de Blumhardt en tire une conclusion d’une grande portée. Un fait s’est produit qui rapproche les temps présents de l’époque apostolique, une puissance du royaume des cieux s’est manifestée qui durant des siècles était restée inefficace. Serait-ce l’aurore d’une nouvelle Pentecôte ? Alors Blumhardt prend conscience de sa mission johannique. La joie de l’apôtre qui se sent revêtu de puissance donne à sa prédication une autorité nouvelle, et le réveil éclate.

    Le pasteur de Möttlingen avait agi autant que possible dans le secret, mais ses paysans étaient bien informés. Beaucoup d’entre eux avaient encore une mauvaise conscience, ils avaient été récalcitrants, avaient renié leur maître, ne devaient-ils pas redouter le jugement du Christ qui venait de manifester son pouvoir d’une façon si effrayante ? L’un après l’autre, ils viennent confesser leurs péchés au pasteur, qui s’étonne de la sincérité de leurs paroles et du contenu de leurs confidences. Spontanément on lui demande la rémission des péchés. Il ne trouve pas de raisons à la refuser et l’accorde simplement en imposant la main. L’humble geste prend immédiatement une signification sacerdotale et quasi sacramentelle par l’effet qu’il produit sur les pénitents. Blumhardt en est lui-même surpris, comme s’il était transporté dans une sphère inconnue où des puissances sacrées se font jour. C’est le signal d’une conversion générale. Aussitôt le mouvement de réveil s’étend et son instigateur devient une sorte de prophète dont la renommée va grandissant. Les guérisons miraculeuses se multiplient, de toutes parts des âmes fatiguées et chargées affluent vers lui, il prie avec elles, leur impose les mains; un souffle d’esprit apostolique les enveloppe et les soulage. Möttlingen a sa grande époque.

    Au culte du vendredi saint en 1848, les fidèles s’écrasent au pied de sa chaire. Le presbytère devient peu à peu un refuge qui ouvre ses portes à tous les malheureux. On vient de la Suisse, du Nord de l’Allemagne, de l’Alsace. Un homme plus vaniteux aurait pu avoir l’idée de créer une sorte d’église apostolique. Blumhardt n’en éprouva nullement la tentation. Parce que le mouvement avait pris naissance spontanément, il crut y voir un signe : Dieu voulait en faire profiter toute l’église. D’ailleurs il était trop sobre pour ne pas voir les grandes lacunes qui restaient à combler. Un rayon éblouissant de lumière, tombant dans l’obscurité rend les ténèbres d’autant plus sensibles. De plus, le prophète de Möttlingen connaît trop bien la bible pour ne pas savoir combien les grands changements s’opèrent lentement et difficilement. Que sont ces succès à côté de la grande misère du monde ? Ils ne signifient qu’une promesse et un appel à prier davantage pour une nouvelle effusion du Saint-Esprit. La note eschatologique dominera donc de plus en plus dans la vie religieuse de Blumhardt. Mais la présence du Christ si puissamment ressentie à travers ses expériences, garantira à cette attente eschatologique son caractère joyeux et optimiste.


    Cet article est extrait du livre Vers un réalisme chrétien.
    A lire aussi : Jean-Christophe Blumhardt – homme de grande foi.

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